La plupart des grands changements dans le monde commencent par et grâce à une personne. Pourtant personne ne peut TOUT réaliser seul. Mais grâce à l’aide ou au soutien d’un grand nombre de nouvelles personnes, de grandes idées peuvent naître et tout faire changer ! Dans la culture Maker, les élans de solidarité et de partage peuvent donner vie à des projets incroyables. Voici l’incroyable histoire de Visière Solidaire et de son fondateur, Anthony Seddiki, un jeune papa de 36 ans qui, grâce à son envie de vouloir aider les autres, a mis en place un grand réseau international de production distribuée. Visière Solidaire, c’est un collectif et une association de plus de 5000 makers bénévoles, éparpillés dans toute la France et qui, durant le confinement, ont décidé de faire bouger les choses. Afin de lutter contre la pandémie, ensemble, ils ont placé leurs ressources en commun pour fabriquer en impression 3D puis distribuer gratuitement plus d’un million de visières de protection en direction des soignants et des personnes exposés

Rencontre avec Anthony Seddiki, le fondateur au grand cœur de Visière Solidaire:

Anthony Seddiki

Il y a tout juste un an, Anthony était encore formateur et support technique dans une industrie d’emballage dans l’Essonne. Sur son temps libre, ce passionné de moto aimait modeler, créer et réparer à sa façon des pièces spécifiques grâce à son imprimante 3D. Jusqu’au jour où la pandémie de la Covid-19 interpella sa curiosité.

Dans un souci de réactivité, des makers, des artisans et des entrepreneurs se sont mobilisés pour décentraliser les commandes. Grâce à l’envoi des fichiers chez les différents acteurs bénévoles, l’impact fut immédiat sur la rapidité de fabrication, la logistique et les livraisons. 

Anthony Seddiki : “C’était complètement fou ! Les machines, les imprimantes 3D fonctionnaient quasiment jour et nuit. Beaucoup comme moi se sont énormément investis. Nous oublions l’urgence et la fatigue lorsque nous livrons les visières au personnel soignant. Ce sont de grands moments magiques qui resteront gravés dans nos cœurs. Il y a eu tellement d’énergie, de partage, de solidarité que les émotions en étaient palpables. J’ai reçu de nombreux messages très touchants de reconnaissance comme celui du responsable des urgences de l’Hôpital d’Evry.”

 

Une visière qui élargit les perspectives

Le jeune papa néo-maker, loin d’imaginer ce qu’allait déclencher un simple post, s’est vite investi à 200% pour profiter de la belle dynamique développée pour aller plus loin. En créant en quelques jours l’association Visière Solidaire, Anthony a pu faire des appels aux dons pour récolter des fonds par les entreprises et les institutions. Des municipalités et des départements sont venus en aide pour organiser des collectes. Des acteurs associatifs et indutriels ont vite répondu présents, comme Istem de la galaxie Téléthon (Sous l’impulsion de Marc Peschanski) – un partenaire de la première heure, et un plasturgiste Microplast. Puis les grands groupes comme L’Oréal, Total ou Amazon, tous séduits par la démarche et la réactivité de l’association, sont arrivés en renfort pour soutenir ces acteurs solidaires, et ainsi optimiser et faciliter la fabrication des visières. 

“Faire ce que doit !’’ le Mantra d’Anthony et de Visière Solidaire.

Quand on interroge Anthony sur le succès de cette fabuleuse histoire : « Prendre conscience, c’est bien, mais agir, c’est mieux ! Nous avons réussi grâce à beaucoup de courage et de ténacité. Cette aventure n’aurait jamais pu se réaliser sans la générosité et l’esprit fédérateur de la communauté des Makers. »

Le développement de la production distribuée avec VS Project

Répartition de la fabrication distribuée Visière Solidaire

« En Mars 2020, j’étais en arrêt maladie, quand il a fallu reprendre le boulot, j’étais face à un immense dilemme : reprendre ma vie d’avant ou suivre mes convictions. J’ai dû faire un choix crucial. Je ne pouvais pas abandonner le projet Visière Solidaire. J’ai démissionné sans hésiter pour rester 100% actif dans l’incroyable collectif que nous avions créé. Côté professionnel, rien n’était anticipé et réfléchi sur le coup. Mais très rapidement et naturellement, j’ai racheté une société spécialisée dans les imprimantes 3D. »  Pour continuer cette épopée incroyable, Anthony fonde la société VS Projects et crée la marque d’imprimante 3D cosmyx3d, équipée d’un parc d’imprimantes 3D fabriqué sur place – Made In France – où il développe la production distribuée. Ces machines sont connectées en réseau, ce qui leur apporte la résilience et l’autonomie suffisantes pour produire en cas d’urgence. L’association produit en moyenne 2 500 visières par jour !

Un impact direct pour Visière Solidaire

Image © CHU de toulouse

Visière Solidaire, bénéficiant des retombées de VS Project, développe aujourd’hui une aide humanitaire nationale et internationale – comme des dons de jouets pour les enfants dans les hôpitaux, l’AFM-Téléthon ou encore la Ligue nationale contre le Cancer, dont le Président Axel Kahn est devenu Président d’honneur de l’association Visière Solidaire. Anthony nous précise aussi : “Nous avons reçu dès le départ le soutien de Denis Peschanski, Directeur du CNRS, qui rédigeait nos newsletters !’

Grâce à son dévouement, sa capacité à mobiliser et à l’effervescence créée autour du projet comme de l’aide solidaire apportée, Anthony a obtenu un courrier de remerciement de  Direction générale des Armées (DGA) et une médaille de l’hôpital des Armées de Béjin. Tout ému Anthony nous raconte : “J’ai fait ce qu’il fallait au moment où il le fallait. Les makers sont arrivés et nous sommes près de 10 000 héros dans cette aventure incroyable.

Quelle est maintenant le nouveau champ de vision de Visière Solidaire ?

Anthony Seddiki : “ L’association a pu aider plus d’un million de personnes à qui nous avons pu apporter un peu plus de protection. Au cours de ces semaines, nous avons pu apprendre beaucoup quant aux attentes de chacun, tant des makers, des industries, des instances publiques que de ceux à qui nous apportons notre aide. Durant cette période, certains d’entre nous se sont mis à parler de l’après et de ce que nous pourrions faire pour proposer un modèle économique viable, pour que cet état d’esprit et cette faculté d’adaptation perdurent.

L’intelligence collective, l’open-source et le co-développement sont de véritables ressources pour agir et réagir en situation d’urgence. Nous souhaitons que cette approche systémique puisse devenir réplicable facilement. Nous avons eu l’idée de créer des fermes d’imprimantes 3D, soit de micros unités de production connectées en réseau. Qu’il s’agisse de combattre l’obsolescence, de recycler les chutes ou de privilégier le cycle court comme le permet la structure en réseau, ce type d’approche permet la réactivité et la rapidité optimum pour répondre à certains besoins ou urgence, tout en ayant une empreinte carbone minimum.

De plus, nous pourrions répondre à des problématiques locales de nombreux secteurs comme la santé et le soin, le handicap, le monde scolaire, mais aussi les besoins de la maison comme ceux des entreprises ou des administrations. À partir de ces données, notre réflexion porte sur le développement d’une économie sociale et solidaire qui saurait trouver son équilibre économique dans cette combinaison.”

Artistiquement votre…

Compte tenu du champ des possibles que propose la production open-source et la production distribuée, un nouveau sillage se dessine déjà dans l’univers artistique. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est également rapprochée de Visière Solidaire pour développer le lien entre l’art et l’aide solidaire. Le projet consiste à réaliser des prothèses de bras et de jambes qui seront peintes par des artistes pour financer les associations.

Un modèle de décentralisation de l’économie Sociale et Solidaire

Après une année écoulée, Visière Solidaire apporte une véritable preuve de concept pour valoriser et renforcer les modèles économiques des entreprises de l’ESS. Pour explorer ces nouveaux fonctionnements, depuis janvier 2021, Anthony développe un tiers-lieu ‘Val Solidaire’ dans une zone de quartier prioritaire à Epinay-sous-Sénart (91). Une aventure à suivre de prêt pour vous inspirer au monde de demain ! 

Vous souhaitez aider et soutenir cette belle démarche solidaire rendez)-vous sur le lien suivant : https://visieresolidaire.com/

Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker

 

 

 

 

 

 

 

Tandis que la pandémie actuelle de Covid-19 trouble la réalisation ou le fonctionnement de nombreux projets, un nouvel espace du FAIRE s’est créé en Alsace l’été dernier afin d’apporter un nouveau souffle d’optimisme porté par l’innovation et la solidarité ! Bienvenue au LabHidouille, le nouveau fab lab de Mulhouse spécialisé dans l’habitat inclusif ! Lieu d’échange, d’apprentissage et de création, au Labhidouille, on invente et on fabrique des objets pour la maison mais pas que !… La raison d’être de cet espace est de mettre en valeur l’intérêt du DIY pour répondre à des problématiques d’usages centrées sur l’humain. L’idée première est  d’apporter des solutions innovantes pour simplifier certains usages aux personnes vulnérables et/ou fragilisées par l’âge, la maladie ou l’handicap. 

Tom Gueneau – Fabmanager du LabHidouille

Nous avons échangé avec Tom Gueneau, le joyeux FabManager du lieu, qui a comme terrain de jeu la domotique comme les accessoires connectés pour la maison. Fraîchement sorti de ses études d’ingénieur en ergonomie et mécanique à l’Université de technologie de Belfort Montbéliard (UTBM), il a fait ses premiers pas dans l’univers collaboratif au fab lab Coh@bit de l’Université de Bordeaux, avant de devenir le capitaine d’équipe du Labhidouille. 

“Après avoir découvert le monde de l’open source et travaillé sur différents projets de conception & prototypage à Coh@bit, j’étais très enjoué à l’idée de développer le nouveau fab lab de Mulhouse, surtout avec les valeurs portées par Familles Solidaires. La thématique de l’habitat inclusif donne un sens profond au “faire ensemble” et c’était pour moi une belle occasion de mettre en valeur mes compétences en conception centrée utilisateur. C’est aussi un challenge car je n’ai aucune formation en électronique ou en informatique, mais la domotique est un secteur florissant qui ouvre de nouvelles manières de concevoir des produits. Heureusement, je travaille depuis septembre avec David, animateur au LabHidouille, qui m’apporte un soutien indéfectible sur la partie programmation !  Depuis plus d’un an maintenant, notre objectif est de veiller à sensibiliser sur les enjeux de l’accessibilité, et surtout d’encourager les innovations solidaires .” nous indique Tom.

 

Participer au développement d’idées fortes grâce au partage de compétences

LabHidouille

Séance découverte de l’impression 3D au fablab LabHidouille

Grâce à la mise en place de rencontres solidaires (note : la situation actuelle ne permet pas de maintenir ces rencontres), Tom veille à constituer une communauté créative diversifiée pour faciliter la communication entre les acteurs de l’habitat inclusif, penser ensemble et simplifier le quotidien des personnes âgées ou souffrant de troubles cognitifs. Ces actions permettent également de maintenir les interactions sociales autour de cette problématique. Selon Tom : “Au Labhidouille, on croise aussi bien des citoyens en quête d’exploration ou en fabrication de projets personnels, que des spécialistes de la perte d’autonomie comme des ergothérapeutes, des responsables de service d’aide à domicile et des aidants familiaux.” Les réflexions menées aux Fablab permettent aux utilisateurs de mieux choisir des solutions pour chez eux, voire même de se lancer dans le développement de certains petits projets. Le jeune FabManager veille également à étendre les actions et les activités du Labhidouille afin de toucher davantage de monde et surtout le grand public ! “Très prochainement, le fablab lancera des ateliers de création de lampes connectées. Et confinés ou non, nous souhaitons mettre en place des vidéos de présentation de différents produits testés par des volontaires, afin que chacun puisse être créatif à la maison ! ” nous précise Tom. 

 

Prototype du mirroir connecté

Enfin, le fablab mène une veille de besoins afin d’alimenter un de leur projet phare : le miroir connecté avec une interface où peuvent se partager un agenda collectif, la météo et des moyens de communication variés. La prochaine étape du Labhidouille est de mettre en test le miroir dans des habitats partagés, afin d’en éprouver le cahier des charges.

Soutenu par AG2R La Mondiale et accompagné par différentes entreprises de l’ESS, comme Familles Solidaires, le LabHidouille propose un lieu où l’on imagine, conçoit et prototype des objets offrant la possibilité  ‘de vivre avec et comme les autres’. Ici, on cherche à rendre les gens plus heureux chez eux ! 

Retrouvez toutes les infos du LabHibouille en cliquant ici

Rédigé par Cécile Ravaux – Story Maker